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Le Point de Vue de L’Afrique sur la Guerre en Ukraine

publicerad 14 september 2022
- Lilian Neg

ANALYSE. Depuis plus d’un demi-siècle, l’Afrique a toujours été convoitée par les puissances occidentales pour faire asseoir leur  hégémonie. Pendant la Seconde Guerre mondiale en 1945 et la période de la guerre froide, le peuple africain a combattu aux côtés des forces alliées pour vaincre le régime dictatorial d’Adolf Hitler en Allemagne.

Texte de Lilian Neg, Correspondante Afrique NewsVoice.se | Article in English

Cette situation, bien connue de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), fut leur leitmotiv pour occuper une place prépondérante en Afrique quelques décennies plus tard, alors même que l’Union soviétique ne s’était pas intéressée à la colonisation. L’Afrique s’est alors présentée comme le point focal et stratégique d’attraction. Mais quelle pourrait être la raison ? Pour comprendre la pertinence des analyses fondées sur la récente guerre russo-ukrainienne, quatre points majeurs retiendront notre attention.

Sur le plan Historique

Après la période de décolonisation en Afrique, l’URSS avait rapidement compris que le fait qu’elle ne s’était pas intéressée à la colonisation était un grand handicap au vu de la politique offensive qu’elle voulait mener contre les puissances occidentales. C’est la raison pour laquelle, pour y remédier, l’URSS avait décidé de s’associer aux peuples défavorisés pour lutter contre la colonisation.

C’est par exemple le cas en Afrique du Sud où elle a soutenu le mouvement ANC, le Parti communiste sud-africain (SACP), le Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA), le Front de libération du Mozambique (FRELIMO), et enfin l’Union populaire africaine du Zimbabwe. (ZAPU).

En 1960, à l’initiative de l’URSS, l’Assemblée générale des Nations unies adopte la déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples colonisés malgré l’opposition de certains grands États occidentaux.

En plus de cela, un grand nombre de dirigeants africains avaient bénéficié personnellement du soutien et de la formation offerts par l’URSS, sans compter les milliers d’experts formés par les conseillers soviétiques. De nombreux accords signés au cours de cette période comprenaient 37 pactes d’assistance technique et économique et 42 accords commerciaux.

Après le démantèlement de  l’URSS, la Russie avait hérité des acquis de cette union et c’est dans cette optique qu’elle avait  poursuivi les initiatives de l’ex-République socialiste soviétique en maintenant les accords de coopération.

D’ailleurs c’est dans cet esprit qu’en 2006, Vladimir Poutine s’était rendu en Afrique du Sud et au Maroc, tandis que Dimitri Medvedev avait accompagné 400 hommes d’affaires lors d’un voyage officiel en Angola, en Namibie et au Nigeria en 2009 pour signer des accords économiques dans les secteurs des ressources minérales et de l’énergie nucléaire.

Ces deux déplacements illustrent l’établissement de nouvelles relations bilatérales. La Russie s’est alors positionnée comme un partenaire stratégique et porte cette casquette depuis plus d’un demi-siècle. Une position qui effraie l’Occident et ses alliés.

Aspect politique – Françafrique

le conflit entre la Russie et l’Ukraine a permis de comprendre la bipolarisation du monde avec d’un côté les Etats qui soutiennent l’invasion de la Russie des territoires ukrainiens suite au mécontentement suscité par la présence controversée de l’OTAN et la surveillance des territoires russophones et d’autre part les États opposés à toute intervention russe en Ukraine compte tenu de la politique propagée par Vladimir Poutine, la soi-disante politique de reconquête des territoires perdus après la dissolution de l’URSS.

Images: Many Africans are pro Russia
Images: Many Africans are pro Russia

La Russie veut créer un nouvel ordre mondial basé sur la coopération bilatérale et multilatérale dont les intérêts sont diversifiés et qui profitent directement aux parties contractantes et cette nouvelle forme de politique attire la majorité des pays africains qui après les indépendances ont été soumis à un système appelé Françafrique.

« Le terme [Françafrique] est dérivé de l’expression France-Afrique, qui a été utilisée par le premier président de la Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny, en 1955 pour décrire les liens étroits de son pays avec la France. Elle a ensuite été rebaptisée Françafrique par François-Xavier Verschave en 1998 pour critiquer les prétendues activités corrompues et clandestines de divers réseaux politiques, économiques et militaires franco-africains ». – Wikipédia

La plupart des pays francophones n’ont pas pu bénéficier de ce système néo-colonialiste propre à la France. Les pays africains soumis, dominés et taillés à la merci de l’Occident avaient une réelle volonté d’émancipation, c’est-à-dire de rompre avec l’ancien système, et de créer leur propre monnaie.

Les États africains jaloux de leur souveraineté cherchent de nouveaux partenaires et la Russie se présente comme l’idéal. Récemment, le Mali, la République centrafricaine et le Cameroun ont signé des accords de coopération avec la Russie dans le domaine de la défense. En outre, d’autres pays africains ont conclu des accords dans le domaine de l’éducation, de la santé, du pétrole et des ressources énergétiques.

La dépendance de l’Afrique vis-à-vis du vieux continent diminue progressivement. A ce stade de l’analyse, il est juste de penser que l’invasion russe de l’Ukraine devient embarrassante pour les démocraties occidentales. Les Africains ont compris qu’il n’est pas nécessaire de considérer la vision occidentale de la démocratie car elle soutient les régimes dictatoriaux en Afrique.

Les principales conséquences en demeurent: la misère, la pauvreté et le sous-développement.

Après plus d’un demi-siècle d’indépendance, quelle est la place réelle qu’occupe l’Afrique dans l’agenda mondial ?

La guerre russo-ukrainienne a également permis au monde entier de comprendre qu’il n’y a pas de liberté d’opinion et de pensée car toutes les déclarations politiques venant de l’Occident reposent sur une sorte de soutien soit à la Russie, soit à l’Ukraine.

Cette politique dite d’alignement a longtemps fragilisé le continent africain qui, sous l’influence de l’Occident, préfère prendre des positions ambiguës pour être neutre.

Dans cette optique, les Africains doivent se focaliser que sur leurs intérêts et la balance pèserait sur une diplomatie gagnant-gagnant, c’est pourquoi les cris de détresse du Président Volodymir ZELENSKY retentissent en vain en Afrique car les Africains sont préoccupés par  leur situation économique désastreuse.

Aspects Diplomatiques et Stratégiques

Sur le plan diplomatique et stratégique, pourtant n’ayant pas de colonies en Afrique, la Russie a réussi à créer une alliance assez puissante avec les gouvernements africains.

Il est vrai que les systèmes de gouvernance sont calqués sur le modèle occidental, mais les gens commencent à changer de position. Les Africains manifestent de plus en plus leur intérêt pour la Russie et souhaitent maintenir une coopération permanente.

L’ouverture des ambassades russes dans presque tous les pays africains est une victoire pour la diplomatie russe qui est à l’offensive en Afrique.

Le récent voyage officiel du président français Emmanuel Macron en Afrique du 25 au 27 juillet 2022 au Cameroun, au Bénin et en Guinée Bissau et la visite du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et porte-parole de la diplomatie russe en Égypte, au Congo, en Ouganda et en Éthiopie sont des signes avant-coureurs qui suffisent à montrer que l’Afrique devient très convoitée, la guerre d’Ukraine dans ce contexte est alors le revers d’une véritable guerre froide entre deux systèmes strictement opposés, dont l’Afrique est le thermomètre.

Jadis considérée comme la chasse gardée des puissances occidentales, l’Afrique est aujourd’hui un espace de concurrence entre les puissances, les anciennes puissances coloniales et les pays émergents comme la Chine, l’Inde, le Brésil et la Turquie sont les bras séculiers de la Russie dans son éternel combat géopolitique et géostratégique contre les pays occidentaux et leurs alliés les États-Unis d’Amérique. 

Le regain d’intérêt de la Russie pour l’Afrique prend de l’ampleur suite aux sanctions imposées par l’Union européenne et les États-Unis après son invasion de la Crimée et surtout à la création de l’Union économique euro-asiatique, perçue comme une intrusion flagrante de l’Union européenne et des États-Unis dans le bastion des anciennes colonies russes.

En conséquence, la Russie s’est repositionnée en Afrique pour répondre à la demande de l’Occident pour l’Asie en violation flagrante des accords “YANTAI”. Et aussi échapper aux sanctions qui lui sont imposées par l’Union européenne mais ce redéploiement de la Russie ne restera pas sans conséquences.

La situation économique africaine menacée par la guerre en Ukraine

La guerre en Ukraine a été dévastatrice pour les économies africaines car, à la suite des accords de coopération, la plupart des usines tirent leurs matières premières de la Russie et un petit pourcentage d’Ukraine.

L’embargo imposé à la Russie est à l’origine de ce déséquilibre.

La première conséquence a été l’augmentation des prix des produits de première nécessité, les matériaux de construction tels que le ciment, le fer et les ressources énergétiques charbon, gaz et ses produits dérivés ne sont pas à négliger.

La situation devient de plus en plus catastrophique puisqu’elle affecte négativement les biens de consommation, et les denrées alimentaires. Il faut savoir que cette guerre a permis aux Africains de voir leur dépendance économique vis-à-vis de la Russie au détriment de l’Europe occidentale, qu’ils avaient toujours considérée comme leur premier partenaire.

En plus de cela, les monnaies locales africaines ont perdu leur valeur. Concernant les pays partageant la zone franc, il y a lieu de réfléchir sur un plan de contournement. La rareté des produits se fait sentir sur le marché.

Insatisfaits de la situation, les citoyens accusent leurs gouvernements respectifs de n’avoir pas été assez pertinents pour prendre position soit en faveur soit contre la guerre en Ukraine. 

Pour d’autres Africains, la guerre en Ukraine est un divertissement qui les empêche de réfléchir à leurs propres préoccupations car selon eux, cette guerre ne profite qu’aux grandes puissances et finalement, pour les plus radicaux, la guerre en Ukraine n’est qu’un moyen utilisé par les démocraties occidentales pour imposer un ordre d’alignement aux Africains.

En interdisant les produits russes, cela permettra aux pays africains les plus faibles économiquement de tourner le dos à la Russie et de se concentrer sur l’Europe occidentale. Cette affirmation est loin d’être une réalité car la majorité des pays ont maintenu leur accord commercial malgré les conséquences visibles sur le terrain.

La question de l’invasion de la Russie en Ukraine reste pour les Africains une affaire occidentale dont les répercussions sont considérables en Afrique. Au vu de ce qui précède, l’Afrique occupe une place géostratégique, et consciente de ces enjeux, l’Afrique doit en tirer profit pour mieux sauvegarder ses intérêts.

Texte de Lilian Neg, Correspondante Afrique NewsVoice.se


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